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La puissance de la révolte d'un enfant dans un corps d'adulte

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Quelques grains de sable et puis s'en va

Un paquet de petits voyants amusants s'allument. Oh un rouge ! Je ne l'avais pas encore vu celui-ci là. Je suis rassuré, je sais qu'en cas d'accident, aucun des huit airbags ne se déclenchera. Dans la pub, ils comparent la qualité de ma voiture à la F1 de Fernando. Y'a encore du boulot les gars.

Mais tout cela ne me touche guerre. Ok, la direction assistée fonctionne par intermittence, je ne peux pas mettre le clignotant et les phares au même moment, et l'alerte de freinage d'urgence se déclenche de manière intempestive. Malgré tout, le moteur lui tourne et ma voiture avance, c'est l'important ce soir.
Fuir la ville, fuir une longue semaine décousue, traverser la Charente maritime, poser mes fesses sur le sable vendéen, y enfoncer les doigts. Je ferme mes yeux, sens ses caresses, l'humidité du contact. Le vent vendéen est comme ça, il est doux comme la caresse d'une femme. En face, l'île de Ré, comme une carte postale dont j'aurais besoin au dessus de mon lit, depuis dix ans, pour m'endormir. L'odeur des dunes, le bruit violent du vent qui s'engouffre dans la flore. Le sable qui avale ma main, le peu de lumière du phare des baleines, la brillance des étoiles.

Je rentre doucement, traverse la grande casse. Une légère peur et le froid me saisit. Je marche sur la digue. Tout les cinq à dix mètres, je ralentie, pris d'un léger frisson. Je persiste, là, à rêver, à m'asseoir sur le bord du muret. Je fredonne un morceau de musique, du Superflu, du Vanessa Paradis, beaucoup de Miossec, de Cali, un peu de Florent Marchet, du Stephan Eicher. Chaque passage de la digue me rappelle un instant de vie.
Une rupture dans l'espace temps parmi ces dix dernières années. Après onze été passés en ce lieu, je m'interroge. Est-ce que dix ans n'est pas le chiffre clef, utiliser les souvenirs et les bons instants d'ici comme tremplin pour autre part ? Je pense à ces mains qui se sont offerts à moi, à ces baisers qui se sont cherchés, à ces fesses que ma paume a exploré, à ces bières tenues, à ces rires adolescents, à ces amis, pour certains, toujours là dix ans après.

La ville est morte. L'hiver d'une station balnéaire est agréable à découvrir. Les casquettes sont retournés dans les terres, les pétasses sont partis faire les soldes, et la ville s'offre à moi, dans ces instants d'intimité que jamais je ne partagerais avec une femme.
J'aime ces instants de mélancolie, où le temps s'arrête quelques heures, pour moi. Où la solitude me traverse comme un plaisir égoïste. Au loin, les vagues se battent contre le sable. Un peu plus prêt, mes doigts dansent sur l'harmonica. La musique s'enfuit avec le vent.
Je rentre, une bière m'attend à la maison.

Ecrit par WiPix, le Samedi 21 Janvier 2006, 01:27 dans la rubrique "Vie de Pix".