Je fais comme tout les cons autour de moi, je reste debout. Quand le train est bondé, c'est comme ça. Au loin un autre transilien nous dépasse sur une autre voie. Transilien ça claque plus que "RER". Les vagues de rames de transiliens foncent vers la grande ville. Des dizaines de petits trains composés de centaines de wagons, remplis de milliers de personnes.
Y a-t-il au moins une personne par wagon pour sourire ? J'imagine dans tout ça celui qui rentre d'une nuit de baise ou de boulot (peut-être même les deux), pour finir sa nuit chez lui. Il nous regarde comme des cons, et je le comprends. Et j'en fais parti. Nous, les banlieusards, qui passons plusieurs heures par jour sur les rails, pour aller gagner de quoi survivre dans une région trop cher, le tout dans une ville où il faut vingt cinq ans d'un salaire de smicard pour se payer un petit 20 m² dans les quartier les plus populaires.
Alors tous, nous courrons comme des cons vers le pot de miel. Les trains qui foncent, blindés de gentils travailleurs me rappellent les trains de Aushwitz. Il serait trop tendre de ne penser qu'au slogan "métro, boulot, dodo". Les gens courent dans les couloirs du métro. Gagner dix minutes de plus dans son canapé, avec ses enfants, dans son lit...
A quoi peut rêver aujourd'hui un jeune qui pour se loger confortablement devra claquer au minimum un millier d'euro par mois ? De quoi peut-il rêver dans une région ou la plupart des diplômés ont un poste de "cadre". Comment se fait-il qu'il soit difficile de finir ses fins de mois, nécessaire de se lever à 6h, de rentrer à 20h, le tout pour gagner un salaire de plusieurs milliers d'euros qui permet à peine de finir les fins de mois ?
Pouvoir vivre à Paris qu'en étant très riche, ou qu'en étant très pauvre, dans des logements sociaux. S'interroger sur la nécessité de faire ces études. Voir la déqualification des diplômés de grandes écoles, de grandes universités, qui ont un boulot aussi interessant que le titulaire d'un simple bac voici vingt ans.
Les voir bosser 40-50 heures par semaine dans des bureaux climatisés, sans avoir le temps de voir le soleil. Compléter ces heures par quatre heures de transport chaque jour, en attendant 50 ou 60 ans d'avoir enfin les liquidités pour se payer un logement plus prêt...
Ne pas comprendre un drôle de manège auquel la maturité nous oblige à appartenir.
à 14:04