La regarder ?
Hier, j'étais à Trappes. Et je savais bien qu'il ne fallait pas lever les yeux sur les filles. Une fille mignonne arrive, je n'ai pas l'heure. Pour une fois que j'en ai besoin, je ne la demande pas. Pas osé !

Sur d'autres terres, j'ose.
Ainsi, mardi, je vais chez le coiffeur. J'ai abandonné ma tondeuse pour le vrai coiffeur depuis le début de l'année. A l'entrée, une fille assez jeune m'accueille. Assez jeune par rapport à la moyenne des coiffeuses d'habitude. Elle n'a pas 25, 30 ou 40 ans. Je lui en donnerais moins de 20. Dix-huit peut-être même.
Cela m'enchante, elle est mignonne et ne semble pas prétentieuse comme celle qui me coupe en général, qui a 25 ans et qui sait tout.

Je comprends très rapidement qu'elle doit être apprentie. Elle me prend mon manteau maladroitement. J'ai en même temps l'impression qu'elle me regarde plus qu'elle ne regarde ce qu'elle fait. Elle me fait mettre le long haut noir (si quelqu'un connait le nom). Elle le met à l'envers, elle m'oriente la main vers le mauvais côté. L'ouverture est devant, je lui demande si il n'est pas à l'envers."Vous croyez ?", je me le change de côté et l'attache derrière, en laissant dans mon dos l'ouverture. Ca me semble plus logique. A elle aussi après réflexion. Elle semble gênée, mais aussi amusé par la situation. Sûrement la chance que ce soit tombé sur un jeune et pas sur quelqu'un de plus sérieux.

Elle m'oriente vers les bacs, pour l'habituel shampooing. Je sens encore son dilettantisme dans sa manière de positionner la serviette, de mettre trois fois trop de shampooing, ou de me demander cinq fois si ce n'est pas trop chaud. Je finis par lui dire que tout est parfait, que c'est très bien. Il faut dire qu'elle masse très bien les cheveux. Elle n'est pas pressé ni brusque dans ses gestes. Je ferme même les yeux, il faut dire que j'ai oublié mes lunettes de soleil et que les spots halogènes du plafond m'agresse les yeux. C'est la première fois que mes cheveux seront si biens lavés et pendant tant de temps, cinq bonnes minutes au moins.
Elle m'essuie les cheveux, de manière maladroite. Ce n'est pas très bien essuyé, mais je crois qu'elle avait peur de me faire mal. Il faut faire attention au garçon de mon âge. Je suis très fragile, elle a raison.

Je me relève, elle m'oriente vers une place. Je ne sais plus quelle bétise j'ai sorti, mais j'en ai sorti une et d'ailleurs ça l'a fait sourire. C'était le but.

Mais mon bonheur se termine là. La casse-pied de 25 ans vient pour me couper et me coiffer. Ma jeune shampooineuse doit donc bein être stagiaire. Pourtant elle reste derrière, à regarder, à écouter. Je sais qu'elle est derrière, mais je ne la vois pas. Elle est trop dans l'angle pour la glace me permette de la regarder.
Elles discutent un peu entre elle. Il faudrait plus de client comme moi, qui laisse libre cours au coiffeur ne sachant pas ce qu'ils veulent.

Le téléphone sonne, la jeune va répondre. Je profite pour demander à ma coiffeuse si c'est une apprenti. Stagiaire pour l'instant et apprenti l'année prochaine apprends-je. Je l'interroge sur la formation de coiffeur, pour tenter de déterminer l'âge de la mignonne stagiaire.
La stagiaire revient. Elle s'appuie contre le mur, qui est à côté. Elle n'est pas face à moi, mais en tournant un peu les yeux, je peux la voir. Elle me plait beaucoup. Elle regarde tout le temps dans ma direction. Sûrement pour observer le travaile de sa collègue. Pour ma part, je jette parfois quelques coup d'oeil. Quand elle s'en rend compte, elle fait un petit sourire.

La supérieur appelle celle qui me coupe. Je demande à la stagiaire quelle âge elle a. "18 ans, euh, 19, bientôt. Et toi ?" Je suis content, elle me tuttoie. Je lui réponds, puis sa collègue revient, plus rien.

Vient le moment de payer, c'est la stagiaire qui s'en occupe. Je me permets "Vous vous appellez comment ? Enfin, si vous travaillez ici l'année prochaine.... pour dire lors de ma prise de rendez-vous le prénom de celle que je souhaite qui me coupe.
- Marie... je peux aussi vous donner mon numéro de portable.
- ....
- Si vous voulez qu'on se revoit avant septembre...."
J'y crois pas. Ca n'arrive pas à moi ce genre de choses d'habitude.
"Tu me vouvoies maintenant ? Tout à l'heure tu me disais tu.
- TU....
- Avec plaisir pour le numéro."
Elle griffone son numéro derrière une carte de visite du coiffeur. J'enfile mon manteau, lui fait un grand sourire, attrape la carte, lui dis bye, dis au revoir au reste du salon, et sors.

Je l'ai rappellé hier soir. Un rendez-vous est conclu pour ce week end, dans le parc de St-Quentin.