J'arrête la voiture sur le bord de la route en dessous des arbres. J'abaisse les vitres, le vent est chaud. Je coupe le moteur, souffle deux secondes. Je sors de la voiture, fait quelques pas, sors de l'ombre, ferme les yeux et tend le visage vers le soleil. La chaleur, merveilleuse, me réchauffe le coeur.
Je pose mes fesses dans le gazon, puis m'y allonge. Je m'assoupie légèrement, réveillé par la chaleur et la sueur qui me coule dans le cou. Je retourne vers la voiture, elle brille encore la nouveauté. Du revers de ma manche, j'essuie le borne Taxi sur le toît. Je fais un tour de la voiture. C'est pas du haut de gamme, pas les moyens, pas encore. Vivement les liquidités pour choisir plus joli, plus confortable plus cher. Je rêve devant l'autocollant arrière, "Taxi" surplombe mon numéro de portable.
Le téléphone, justement, vibre dans la poche de ma chemise. Un client, il faut que je reprenne le taffe. Je repars, je fais crisser les pneus sur la bas côté en accélérant. Les pneus agripent la route et la voiture avance. Je démarre le compteur. A vive allure, je passe par les petites routes de campagne, j'évite les grands axes, les vacanciers et leur caravane.
Pas le temps de m'arrêter, je passe chez le traiteur grec pour le déjeuner. Vingt minutes pour déjeuner devant un petit épisode de Friends, avec la modernité, l'attente dans le taxi ne devient plus infernale. Je fais les comptes, calcule ce que j'ai gagné le matin, douze clients. Pas mal, même très bien pour un début. A ce rythme là, les fins de mois se feront sans problème.
Seize heures, je suis en retard, je fonce sur la quatre voies pour être là-bas à l'heure. Je récupère mon bout de choux de cinq ans, elle me fait un grand sourire, de ceux qui vous donne envie de tout lui donner. Je mets son siège sur la banquette arrière. A la maison, lui prépare son goûter, elle joue avec les clefs de ma voiture.
A dix-huit heures, sa mère rentre du travail, je l'embrasse, ses yeux me font craquer. Je repars pour quelques heures de route à découvrir la ville et ses cosmopolites en ces douces soirées lumineuses de fin de printemps.
à 22:58