Voici quelques temps, je parlais de son exil. Plus récement, j'aurais aimé abordé le fait qu'il parle mariage, qu'il envisage le sujet, bien sûr avec le sourire, mais de manière constructive. Mais tout cela est passé, et Lulu va se fiancier.
Il annonce fièrement la nouvelle devant eux, et je comprends qu'ils sont moins surpris que moi de voir ainsi leur petit garçon s'envoler définitivement vers les responsabilités (pourquoi ai-je envie de marquer vers la vieillesse ?).
Depuis un moment, je savais que cela ne tarderait, qu'un moment arriverait où je devrais décider de quitter ma non-chalance adolescente pour l'âge adulte. Qu'un signe me boulverserait et ferait que je décolle vers les cieux où l'on compte les années. Il faut croire que se signe est celui-ci.
De la même manière, ainsi, que aujourd'hui, plus que jamais je ne reconnais plus le titre de ce lieu, je pense qu'une page importante vient de tourner. La dernière avait tourné lors de son premier départ de la maison, à mes 14 ans, au moment où je rangeais ses cds. A l'instant où je compris que ma discothèque s'envolait, je pris conscience du fait que je ne pourrais plus monter d'un étage, m'allonger sur la moquette en laine beige, et jouer le petit frère chiant.
Doucement, je retrouve le chemin du bac de petites voitures, troisième placard en partant de la gauche, de sa démarche d'éléphant dans l'escalier le soir quand je dormais, des chansons de Renaud, des aventures du Petit Nicolas qu'il ne m'a pas lu souvent. Je me souviens d'un petit garçon qui casse sa tirelire pour offrir une voiture de collection rouge, et soudainement, je regrette d'avoir grandis.
Egoïstement, je m'en veux de ne pas avoir profité plus souvent de ces soirées entre célibataires, où Lulu, après avoir trop bu, transformait un brin d'herbe en un cerf volant et où personne ne pouvait retirer la complicité de deux frères.
à 19:14