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La puissance de la révolte d'un enfant dans un corps d'adulte

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Vendredi 13

Une heure du matin, à vive allure, je traverse la capitale. Les boulevards se sont vidés, ma liberté m'est revenue. Je me sens vivre. Bien loin d'une passion, c'est un simple plaisir. Rouler ainsi, du Benjamin Biolay dans les oreilles, la main sur le volant, l'autre qui enchaîne les vitesses, et les pieds qui jouent, celui de droite qui insiste. bande son
Comme si il fallait être ici pour tout vivre. Sentiment futile de puissance, de pouvoir, de liberté, de grandiosité. L'envie -peut-être- d'y habiter un jour.
La vitesse et la conduite me ramène à cette vie. Exercer ce métier qui m'attire tant, exister et travailler la nuit, découvrir la ville nocturne. Dormir et boire quand les autres travaillent, être tenter par la fuite de cet univers des bureaus. Les avoir traverser vingt minutes et s'y être senti mal à l'aise. Ne pas vouloir se définir ainsi.

J'enchaîne sur le périph'. J'accélère, change de file, fait un demi-tour de Paris. Blankass enchaîne, les voitures sont faites pour rouler pas pour s'arrêter, il ne faut jamais freiner. Je passe devant la sortie Rouen, hésite et ne la prend pas. La soirée ne doit pas se terminer ainsi, je n'ai pas envie de retourner dans ma banlieue chic, de traverser les banlieues pourries, et de quitter ainsi Paris. bande son
Je sors à Porte de Sèvres et enchaîne direction Grenelle. J'arrive place Balard et m'engage dans sa rue. J'attrappe mes téléphones, m'inquiète de ne plus avoir de batterie. La voiture garée où je peux , me désolant de pouvoir un jour la ranger dans ma poche, je remonte la rue et presse le bouton de l'interphone.

Elle ne s'attendait pas à ma visite et en est très heureuse. Une odeur de pizza, de tabac et de joint flotte dans l'appartement. Une ambiance chaleureuse m'y accueille. Elle stoppe son film, me propose de partager un épisode d'une série qu'elle vient de découvrir.
Mon verre de vodka sous le nez, son whisky-coca servi, nous nous installons devant Six Feat Under. Rapidement, l'attention n'y est plus, nos répliques remplacent celles des acteurs. La musique prend le dessus sur le téléviseur. Elle a choisi du Miossec, me fait plaisir et elle le sait. 
bande son
 
Ainsi, elle me raconte sa soirée, je lui décris la mienne. Une traversée de Paris pour l'un, un immobilisme pour l'autre, le tout dans des cafés pour les deux. Puis nos paroles cessent, nous nous regardons, le sourire au coin des lèvres, les yeux brillants de fatigue. J'inspire un bon coup, souffle d'exaspération. "Tu l'as dis" ajoute-elle. Le rire nous traverse. Les mots sont inutiles pour une compréhension réciproque. Nos vies sont toujours les même, crades, douteuses, planantes.
Elle me parle de lui, je lui parle d'elle. Elle s'interroge sur eux, je nous questionne sur elles. Nous parlons des évènements récents, de nos vécus plus anciens. Nous partons sur le jeu du moment. Je lui explique que j'ai abandonné la prise de résolutions. "Moins boire, moins fûmer,... c'est foutu semble-t-il..." me sourie-t-elle.
Pour finir la soirée, un bilan de 2005 s'impose. Les même prénoms reviennent sans cesse, des noms de ville également. L'ensemble remplit deux bonnes heures, mais l'année déjà commencée semble bien morose, pour l'un comme pour l'autre.

Je vide mon cinquième verre, estime que c'est son huit ou neuvième. Cela fait quelques années que j'ai abandonné la course sur ce terrain avec elle. La musique a changé, l'ambiance est volatile, toute précision s'est envolée. La pendule indique cinq heures. Elle me propose d'aller dormir. bande son
Elle se déshabille avec difficulté, je l'y aide. Je rigole du rose de son boxer, elle m'envoie l'oreiller en pleine tête, les représailles sont terribles, le combat acharné. Quelques minutes passées, je cesse, estimant que j'ai gagné. Exténuée, elle ne conteste plus ma supériorité.
Nous nous enfuyons sous la couette. Elle se colle contre moi et éteind la lumière. Je sens son dos contre mon torse et la chaleur des fesses collées à moi. Je la sers dans mes bras, tandis qu'elle fait des bouclettes de mes poils.

Les paroles de Jean-François Coen me réveille. Ma tête souffre. Je change de pièce. Sur le bar, deux croissants, un double café et quelques Doliprane m'attendent. Un peu au-dessus de celui-ci, devant son vieux poster d'Autour de Lucie, son sourire me salue. L'appartement a été nettoyé et aéré de la veille. Elle me propose de rester pour dîner et que nous cuisinions quelque chose de bon. Je percute, regarde le réveil. J'ai deux heures de retard. Je dégotte un chargeur Samsung chez sa voisine, réscussite mon portable, et enfin m'excuse auprès du morceau de plastique. bande son

Ecrit par Pix, le Samedi 14 Janvier 2006, 21:42 dans la rubrique "Vie de Pix".


Commentaires :

  ninoutita
ninoutita
14-01-06
à 22:06

Belle façon de raconter, belles musiques, c'est sûr, je reviendrais.

  Pix
Pix
15-01-06
à 03:07

Re:

Merci, sincérement.
C'est avec plaisir que j'aurais la joie de t'offrir à nouveau la lecture de mes mots.

Ninoutita... il me semble connaître ton nom. Peut-être déjà vu autre part, sûrement déjà lu. Je me demande si je ne suis déjà passé par chez toi.
J'y retournerais, et laisserais un petit commentaire, si je retrouve ce clavier que j'ai encore perdu.


  paranoia
paranoia
15-01-06
à 21:25

:) l'année commence peut être mal mais sera surement belle !
désolée, rien d'autre à rajouter !

  pix
pix
16-01-06
à 11:59

Re:

Le "désolé rien d'autre à ajouter" m'a fait sourire.
Par contre je ne suis pas aussi catégorique sur la beauté future de l'année à venir.


  paranoia
paranoia
24-01-06
à 17:48

Re: Re:

oh, tu verras à travers mes yeux, elle sera belle cette année ;)

  Pix
Pix
26-01-06
à 03:43

Re: Re: Re:

Plus je les regardes, plus j'y crois, tu sais !
Quoique je ne sais si je crois plus en tes yeux qu'en tes cheveux.

Mais quand je les vois, je me dis que nous nous sommes déjà aimés et que nous avons été enlevés de nos mémoires (réf. à Eternal Sunshine of the Spotless Mind,  tu es ainsi obligé de le regarder maintenant, mais un soir, quand tu es détendue)

Cordialement