Je regarde sa bagnole. Je n'arrive toujours pas à me remettre du numéro qui a changé sur la plaque. Inconsciement, je détourne les yeux, ce n'est pas la bonne voiture. Et puis je me souviens, il me revient à l'esprit comme une boule dans la gorge qu'il a fait son choix. Je file alors un coup de pied au pneu, mélancolique du temps qui passe.
De la même manière que le numéro sur la plaque de sa bagnole a changé, beaucoup de choses ne sont donc plus comme avant. Je me souviens des soirées cinéma avec lui le samedi soir dans cette petite ville de province en région parisienne, des soirée Ally McBeal dans sa chambre, quand il était toujours il y a plus longtemps encore chez les parents, le jeudi soir .
Des discussions, ces deux dernières années, sur notre poisse dans les relations amoureuses, de l'analyse des comportements humains, de la critique des gens qui nous entourent, de la compréhension du désir dans les échanges amoureux. Du nombres de soirées passés ensembles à ce bar à m'apprendre à aimer la bière, des trajets de voiture ensemble à cracher sur de mauvais films, livres ou chanteurs et à en mettre d'autres sur pied d'éstal. Chanter Alizée à tue-tête. Ce goût qu'il m'a donné pour l'écriture, le chemin qu'il m'a tracé pour arriver sur Joueb. Ce qui est dans ma tête, je lui en dois beaucoup, ma maturité, ma fragilité, mais aussi mon cynisme et mes préjugés.
Pourtant il habite plus près de chez moi que l'an passé, mais la logique de sa vie n'est également plus la même. Cette fille qui est arrivée dans la vie, "la définitive" comme il dit joyeusement. Sa maison qui ressemble à celle de nos parents.
Egoïstement et nostalgiquement, je voudrais encore pouvoir foncer à son studio, parler jusque trois heures du matin, sans besoin d'allumer la télé, refaire le monde, remettre en compte la relation amoureuse, s'interroger sur les échanges sexuelles, le tout avec un chat qui fait ses griffes dans mon pantalon.
à 14:31