La puissance de la révolte d'un enfant dans un corps d'adulte

La buée dégouline sur les vitres. Nous ne pouvons plus rien voir de l'extérieur. Pas important, c'est l'intérieur qui importe. Ma 206 est devenue notre monde pour quelques heures. Nous avons fuis le froid d'une nuit d'avril pour nous y réfugier. La sellerie est douce, j'ai bien choisi en prenant velours.
Pourtant pas autant que le morceau de tissu sur lequel je porte la main. Chaud, humide et doux. Pourtant, ca ne m'excite pas, j'aime juste nous sentir détendu. Nous discutons de la vie, de nos études similaires, à cinq cent kilomètres l'un de l'autre. J'ai juste plaisir à la voir se sentir bien de la chaleur de ma main en ce lieu intime. Le reste de sa peau est très doux, j'y passe doucement les doigts, elle ferme les yeux me semble-t-il. A moins que ce soit les miens qui se ferme. Je me laisse bercer par sa voix, me laisse partir dans un autre monde, celui qui n'est qu'à nous. Elle m'embrasse, encore, se sert contre moi. La chaleur monte en moi, le bonheur, la légéreté de l'oubli.

Nous sortons de la voiture. Elle a froid, je la sers dans mes bras. Il est quatre heures, Gazeran scrute discrètement nos baisers. Elle tire sur sa cigarettre me provoquant de son visage, me souffle la fûmée au visage. En général, je déteste, mais là, j'adore, je flotte, de décolle. Je tire un peu sur sa clope, pour comprendre.
Je passe mes mains sur sa taille, caresse son ventre fin, joue de mains des notes de musique dans son dos. Je passe ma main sur ses seins, sans soutien gorge, enlevé par mes soins plus tôt dans sa chambre. Je les trouve magnifique, doux, rebondi, de taille idéale. Ils ne tombent pas, ne sont pas trop petits. Je laisse maintenant mes mains dessus, elle sourit, profite de mes mains. Je voudrais lui caresser le visage, baiser son ventre, mais je ne peux rien faire. Mes mains sont tombées amoureuses de sa poitrine.

Nous marchons un peu. Elle se pose sur le petit pont en pierre. Un moulin plus loin brasse l'eau. De ces lieux que l'on n'imagine pas en région parisienne. Les ombres de la nuit son belles. La lune nous offre un spectacle au niveau du plaisir de cette soirée.
Elle se tient dans mes bras,  profitant allégrement de mon soutien. Elle lève les yeux, me contemple, je l'embrasse sur le front. Nos visages se caressent, nos mains se complètent.
Le froid nous rattrappe, nous retournons à la voiture.

Elle m'offre ce que l'on ne m'a jamais offert. Me parle de l'avenir, de la relation qu'elle imagine  avec moi. Je m'en veux de me dire que je lui ai menti pour en arriver à de tels voeux de bonheur. Elle me parle de l'importance que je prends dans sa vie, que je vais y prendre. Du temps que nous allons passer ensemble à nous faire du bien, à lutter contre le mal et la douleur de la vie.

Je suis mal de comprendre ce que je vais perdre, ce que je recherche depuis si longtemps, mais que je comprends impossible. Je regrette et remets en cause mes choix fait neuf mois plus tôt. 
Je la laisse. Elle me supplie de rester, mais je rentre. Il est trop tard. Je ne veux pas en profiter plus longtemps, pour chuter de plus haut encore quand je comprendrais que c'est impossible. Pour me donner un plaisir plus fort que je devrais oublier, effacer de ma mèmoire pour ne pas souffrir.

Demain, je lui enverrais ma carte d'étudiant de l'académie de Poitiers. Elle me detestera. Quelques jours plus tard, j'apprendrais sa disparition. Une surprise pour moi.